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    Georges Baguet, 40 ans de reportage photographique

    C'est par une donation de son fonds photographique à la Bibliothèque minicipale de Lyon en 2006 que Georges Baguet a souhaité mettre un terme à quarante années de journalisme.

    La Bibliothèque de Lyon qui conserve déjà de nombreuses collections photographiques accueille avec intérêt ce don : témoignage historique et social de la deuxième moitié du XXe siècle.

    Ce fonds, constitué de négatifs, diapositives, tirages sur papier, retrace en grande partie les problèmes des minorités notamment au Proche-Orient, en Amérique du Nord, en Irlande, en Afrique du Nord… mais aussi en Europe, avec Paris et ses quartiers populaires ; ainsi Georges Baguet a centré son travail photographique sur ce que nous appelons les Tiers-mondes.

    Journaliste free-lance, Georges Baguet est aussi écrivain et grand reporter. Mais l'homme est surtout généreux. Plus que l'événement lui-même ce sont les gens, les populations qu'il souhaite connaître, dont il cherche à se rapprocher, que ce soit par l'écriture ou par la photographie. Depuis les années 70, il voyage beaucoup : les journaux lui demandent d'être présent là où l'actualité bouscule le monde ; en 1979, il est dans l'avion qui ramène Khomeiny en Iran. Il assiste à la révolution, photographie, tel un documentariste, la force de l'Islam dans le nouveau champ politique du pays. Il connaîtra aussi l'Irak de Saddam Hussein, puis le pays défait après la première guerre du Golfe.

    Harlem, New-York, Etats-Unis, 1972 Belfast, Irlande du Nord, 1970

    Georges Baguet saisit avec intelligence les regards, les gestes ; ses photographies révèlent le sens profond des faits historiques, notamment au Liban où s'affrontent chrétiens et musulmans, ainsi qu'en Irlande du Nord où catholiques irlandais et protestants britanniques se font la guerre.

    Aux États-Unis, il veut connaître et comprendre la minorité noire, rencontre Angela Davis en prison, se lie avec l'écrivain James Baldwin, connaît les Black Panthers. En observateur lucide, son travail atteste des conditions de vie des Noirs tout autant que de leur volonté de combattre l'injustice. Dans ce climat tendu, la confiance naît avec les populations locales ; l'homme est des leurs et cela se voit, les enfants lui sourient, les adultes l'invitent. Il retournera aux États-Unis plus tard et reverra ceux qui sont devenus ses amis.

    Georges Baguet est un pacifiste, réaliste et objectif. Son indéniable éthique, son enthousiasme tentent de réconcilier l'homme avec son prochain, nous invitant à une prise de conscience altruiste, à une autre relation au monde. On approche de l'anthropologie. Ses photographies instaurent un dialogue, loin des clichés et du voyeurisme ; elles nous offrent à l'encontre du sensationnel une proximité avec une humanité en déroute, pauvre, dépossédée, souffrante mais qui n'est pas sans beauté. L'objectif de Georges Baguet a su magnifiquement saisir les diversités sociales et culturelles, nous restituant l'homme dans sa dignité essentielle ; sa donation nous offre d'authentiques rencontres d'un monde en devenir.

    Bibliographie

    Interview de Georges Baguet

    Journalisme, l'essentiel est invisible

    Qu'est-ce qui vous a motivé à devenir journaliste ?

    Je sortais de ma paroisse catholique traditionnelle du XVe arrondissement de Paris. Je voulais découvrir ce qu'il y avait de l'autre côté de la barrière. En 1950, j'ai eu la chance de pouvoir aller aux États-Unis dans le cadre d'une délégation financée par le plan Marshall. En montant dans l'avion - à l'époque, il fallait dix-sept heures de vol pour rejoindre New York avec une escale -, j'avais l'impression d'entrer dans une machine infernale qui m'arrachait du Vieux Monde. Les français vivaient alors sous rationnement, les Champs-Elysées n'étaient pas éclairés.

    Donc, vous êtes fasciné par la grandeur américaine…

    J'ai ressenti le même choc qu'ont dû avoir des millions de migrants venant de pays pauvres. On se trouvait dans une société d'abondance avec des gens généreux. Le vice-consul nous avait dit : "On ne va pas à Harlem". J'y suis allé, forcément. Pour voir ce qu'il y avait de l'autre côté de la barrière. Là, accueilli par des équipes de chrétiens noirs et blancs, je découvre un autre monde avec les soupes populaires, la misère et la montée d'une conscience noire. Bien plus tard, au début des années 70, j'aurai l'occasion de rencontrer la grande Angela Davis, devenue communiste, dans sa prison californienne. Dans Le Monde, j'écris : "La parole noire d'Angela Davis peut être entendue par les ‘esclaves’ de tous les ghettos de la société capitaliste. Pas seulement en Amérique ".

    Une autre motivation pour être journaliste ?

    Écrire. Je n'osais pas le faire, sauf pour des articles. Un jour, George Hourdin, qui m'avait commandé des articles pour La Vie catholique, me dit : faites un livre. Je n'ai pas vraiment suivi son conseil.

    Vous n'avez jamais été tenté d'intégrer un journal ?

    Non, car je voulais rester libre et seul. Je ne voulais pas être fixé quelque part. Comme je n'avais pas, à la différence de mes confrères, beaucoup d'argent, j'évitais les grands hôtels et j'étais souvent logé chez l'habitant. J'ai bénéficié de solidarités exceptionnelles pour rencontrer des personnalités ou pour envoyer des articles - à l'époque, le fax et internet n'existaient pas, le téléphone dans les pays pauvres était difficile d'accès.

    Avez-vous eu de la chance ?

    Aujourd'hui, avec les nouvelles contraintes du métier et avec le culte de l'instantanéité, je ne pourrais sans doute pas exercer dans les mêmes conditions. Quant à la chance, je l'ai souvent forcée. Par exemple, grâce à ma rencontre avec des Iraniens priant dans l'église parisienne de Saint-Merry, j'ai pu finalement entrer en contact avec l'ayatollah Khomeiny, alors en exil en France, et être sélectionné parmi les deux cents journalistes pour l'accompagner lors de son retour triomphal à Téhéran. À côté des grands titres de la presse internationale, j'étais accrédité pour Témoignage Chrétien. En Iran, mon interprète me saute au cou "TC ? Je connais, je le lisais quand j'étais réfugié en Algérie."

    Après toutes ces pérégrinations, quel regard portez-vous sur l'être humain ?

    Je me souviens d'un vieux Noir qui me souriait, d'un protestant irlandais qui avait du sang sur les mains et qui avait changé. Finalement, je crois que l'essentiel de l'homme est invisible à nos yeux.

    Pour citer cet article

    Référence électronique

    Sylvie Aznavourian, Georges Baguet, 40 ans de reportage photographique, numelyo [en ligne], mis en ligne le 2012-11-06T09:06:38.341Z, consulté le 2024-05-14 19:09:07. URL : https://numelyo.bm-lyon.fr/BML:BML_05PHO00101THMBAG

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